Une nouvelle étude a permis d’identifier des gènes qui pourraient être partiellement responsables du développement de la paralysie cérébrale, ce qui ajoute une nouvelle dimension à la compréhension des facteurs de risque et des causes de cette maladie.

La paralysie cérébrale (PC), qui affecte le développement de la motricité chez les enfants, est l’incapacité physique qui survient le plus souvent pendant la petite enfance, touchant plus de 46 000 personnes, seulement en Ontario. La PC peut avoir différentes causes, comme une infection, une blessure ou un manque d’oxygène avant ou pendant la naissance. Les facteurs génétiques qui contribuent à la PC demeurent toutefois largement inconnus.

Une récente recherche publiée dans Nature Genetics, (à partir d’un projet canadien multisite auquel ont participé la Dre Darcy Fehlings, le Dr Stephen Sherer, et le Dr Richard Wintle du Réseau intégré de découverte neuroscientifique sur paralysie cérébrale de l’enfant [CP-NET], un programme de découverte intégré de l’Institut ontarien du cerveau), offre un examen plus détaillé des causes génétiques de la maladie. Les résultats de l’étude suggèrent que de nombreuses variantes génétiques contribueraient à la PC.

En fait, l’étude sur sept ans – qui comprenait plus de 200 participants du réseau CP-NET et leurs parents biologiques – a révélé que plus d’un enfant sur dix (11,3 %) avait, ou du moins avait probablement, une variante génétique ayant causé sa PC. Près de 18 % des enfants présentaient des variantes d’importance incertaine qui, d’après d’autres recherches, pourraient être liées à la maladie.

Le Dr Wintle a expliqué que l’équipe de recherche collaborative a examiné les enfants et les parents pour déterminer quels gènes pouvaient être héréditaires, et quels gènes, chez les enfants, ne l’étaient pas. Il a expliqué que ces différences peuvent être attribuées à des « mutations de novo » dans la composition génétique d’une personne — c’est-à-dire une mutation dans la séquence d’ADN d’un gène vue chez une personne, mais qui n’est pas présente chez ses parents. Ces mutations peuvent parfois indiquer des gènes impliqués dans la PC ou dans d’autres problèmes de santé que peuvent présenter les personnes atteintes de PC.

« Nous avons découvert certains gènes qui n’avaient peut-être jamais été reconnus comme étant impliqués dans la PC, en particulier dans les 18 % [des variantes d’importance incertaine]. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour bien comprendre comment ces gènes peuvent être impliqués dans la PC et y contribuer en ce qui concerne le développement et le fonctionnement du système nerveux », a-t-il souligné.

La Dre Fehlings a déclaré que les résultats de cette étude ouvrent la voie à une médecine de précision pour les enfants, car les cliniciens peuvent examiner la variation génétique individuelle d’une personne afin de comprendre comment cette variation contribue au portrait global d’un enfant atteint de paralysie cérébrale. De plus, a-t-elle fait remarquer, cette variation pourrait éclairer les diagnostics et les traitements futurs, ce qui aurait une incidence sur la façon dont les interventions sont conçues pour chaque enfant.

«Bon nombre des enfants qui franchissent nos portes présentent des variations génétiques associées à leur paralysie cérébrale, a-t-elle expliqué. Cette possibilité de médecine de précision est de la plus haute importance pour diagnostiquer avec exactitude l’étiologie chez tous les enfants atteints de PC. Elle permettra d’améliorer les consultations familiales et de choisir les interventions médicales et de réadaptation qui conviennent le mieux à l’enfant.»

- Dr Darcy Fehlings, responsable du programme CP-NET

Jessica Geboers, membre du groupe consultatif multipartite du CP-NET et vivant elle-même avec la PC, se dit encouragée par les résultats de ce groupe de recherche novateur. Elle sait toutefois qu’avant que cela ne se traduise pas des changements dans la vie des patients, il faut encore approfondir la recherche sur les causes génétiques potentielles de ce trouble qui apparaît pendant l’enfance.

« De nouveaux renseignements tirés de cette étude pourraient être utiles pour les familles qui cherchent des réponses sur les causes de la paralysie cérébrale, mais il reste encore du travail à faire et il est trop tôt pour traduire ces résultats en langage courant, a-t-elle nuancé. Par exemple, “génétique” ne signifie pas nécessairement “héréditaire”. Et à l’avenir, je pense qu’il sera important que les personnes atteintes de PC comprennent exactement comment les causes génétiques peuvent affecter le traitement et les soins. »

Dans le cadre de son travail avec CP-NET, Jessica Geboers a collaboré avec des chercheurs comme la Dre Fehlings et le Dr Wintle pour intégrer les priorités des patients dans les études scientifiques et aider à décrire les résultats en termes simples.

Les données recueillies dans le cadre de cette étude sont les premières données de séquençage du génome entier – le processus qui consiste à déterminer l’intégralité de la séquence d’ADN d’une personne en une seule fois – à être mises à disposition dans Brain-CODE, la plateforme révolutionnaire de neuro-informatique et d’analyse de l’IOC. Le but est d’améliorer l’accès aux données de séquençage du génome pour les scientifiques du monde entier.

Ultimement, les docteurs Fehlings et Wintle, ainsi que leurs équipes de recherche du Holland Bloorview Kids Rehabilitation Hospital et de SickKids, reconnaissent qu’il faut davantage de recherches sur les causes génétiques de la paralysie cérébrale, et espèrent que les données pourront également aider d’autres scientifiques à identifier de nouveaux gènes et facteurs impliqués dans la PC.

Pour de plus amples information, lisez le document ou visitez le site web de CP-NET.