Investir dans la santé du cerveau
Plus de RécitsL’IOC s’associe à la recherche et à l’industrie pour coordonner la commercialisation des technologies liées au cerveau. Grâce au financement et au soutien reçu, l’IOC aide à combler le fossé financier entre l’idéation et la commercialisation pour les entreprises de neurotechnologie de la province.
Le courtier honnête
Combien de chercheurs et chercheuses faut-il pour créer un nouvel outil de diagnostic? Il ne s’agit pas d’une blague, mais bien d’un réel casse-tête auquel est confronté le système de recherche. C’est grâce à de nombreux partenaires que les résultats de recherche en laboratoire prennent forme concrètement au chevet du patient ou, comme aime le dire l’IOC, « passent du labo à la vraie vie ». Pour réellement faire progresser les soins, nous avons besoin de chercheurs, de cliniciens, de patients, de familles, d’esprits novateurs et d’entreprises.
Mais comment toutes ces personnes entrent-elles en contact et comment les données probantes et les connaissances circulent-elles entre ces parties dans le processus d’innovation? L’IOC est né pour accomplir cette mission. Il joue le rôle du « courtier honnête » ou d’un intermédiaire de confiance qui rassemble ces groupes et qui crée des moyens de relever les défis auxquels la communauté de la santé cérébrale est confrontée. L’une des approches utilisées par l’IOC consiste à soutenir les entreprises de neurotechnologie qui utilisent des données sécurisées en libre accès afin de promouvoir la découverte, d’améliorer la recherche en neurosciences et, en fin de compte, de contribuer à l’amélioration de la santé cérébrale de la population de l’Ontario.
La société Winterlight Labs, une société du portefeuille de l’IOC et qui surveille les troubles cognitifs et la santé mentale au moyen d’algorithmes vocaux, a utilisé un ensemble de données provenant de la plateforme neuroinformatique de l’IOC, Brain-CODE. Les données proviennent d’une étude à long terme sur la démence. Cette étude a été menée sur plus de 130 personnes, sous la direction de la Dre Sandra Black, scientifique principale à l’Institut de recherche Sunnybrook. Brain-CODE a servi d’espace de travail « sûr » où les données des patients et patientes ne pouvaient pas permettre de les identifier et où les algorithmes commerciaux de Winterlight Labs ne pouvaient pas être divulgués. Dans cet espace, Winterlight Labs a pu affiner son algorithme de reconnaissance vocale et le valider.
« Le fait de pouvoir accéder à de vastes ensembles de données sur la voix des patients nous a permis d’analyser, de comparer la parole et d’identifier des caractéristiques distinctes qui peuvent mener à des diagnostics précoces de déficience cognitive », a déclaré Liam Kaufman, cofondateur de Winterlight. « Sans la plateforme neuroinformatique de l’Institut ontarien du cerveau, nous n’aurions pas eu assez de données clés, et nous aurions eu énormément de difficulté à obtenir ses résultats. »
L’utilisation de Brain-CODE a permis à Winterlight d’accéder à des données qui, autrement, auraient été inaccessibles. Il a créé un espace dans lequel la Dre Sandra Black et l’équipe de Sunnybrook pouvaient avoir confiance que les données ne seraient utilisées qu’aux fins prévues. Des fins qui correspondaient au consentement initial du participant et qui avaient été approuvées par leur comité d’éthique de la recherche.
« Nous sommes ravis que cette collaboration entre l’IOC et Winterlight-Sunnybrook ait été si fructueuse, s’est enthousiasmée Sandra Black. « Je remercie tout particulièrement nos psychométriciens et psychométriciennes en recherche avec une mention spéciale pour Morgan Koo, le coordonnateur de la recherche. Il a travaillé avec grande diligence sur ces enregistrements hérités de nos études antérieures portant sur l’aphasie chez des patients victimes d’un accident vasculaire cérébral et chez ceux atteints de démence de l’Unité de neurologie cognitive L.C. Campbell de l’hôpital Sunnybrook. Ces enregistrements ont fourni les données de base au logiciel d’apprentissage automatique qui a contribué au succès du Winterlight, dont le pionnier est Liam Kaufman, mon ancien étudiant diplômé. Je suis très heureuse qu’il ait réussi à faire avancer ce projet en tant qu’outil de diagnostic de la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies. »
Depuis la fin de ce partenariat, Winterlight en a forgé de nouveaux et a créé des occasions intéressantes de faire une différence dans les domaines de la démence et de la santé mentale. En janvier 2023, Cambridge Cognition a fait l’acquisition de Winterlight Labs pour 7 millions de livres sterling (£) (environ 11,8 millions de dollars canadiens).
Consulter l’affiche qui a découlé de ce partenariat. Prochaine étape : l’équipe prépare un manuscrit pour publier ses résultats dans une revue scientifique à comité de lecture.
Du laboratoire au salon
Quelles sont les stratégies les plus efficaces pour aider les enfants à réguler leurs motions? Il y a cinq ans, il s’agissait de l’une des dix principales priorités de la communauté selon un sondage mené par le Réseau neurodéveloppemental de la province de l’Ontario – ou POND, un programme de découverte intégré de l’IOC. Dans ce sondage, on demandait aux personnes neurodivergentes, à leurs familles et aux prestataires de soins de santé de l’Ontario d’indiquer leurs priorités en matière de soutien aux personnes neurodivergentes.
La difficulté à réguler les émotions est très fréquente chez les personnes vivant avec les troubles neurodéveloppementaux. Pourtant, notre capacité à aider les enfants à développer des compétences de régulation efficaces demeure limitée. Pour combler cette lacune, le réseau POND et ses partenaires de l’Institut de recherche Bloorview (BRI) de l’Holland Bloorview Kids Rehabilitation Hospital ont fait d’énormes progrès en développant et en testant une nouvelle technologie prometteuse appelée hollyMC. Cette technologie aide les enfants à prendre conscience de l’intensité des émotions qui les envahissent. Ce qui est encore mieux? Les tests sont effectués à domicile et dans la communauté afin de mieux évaluer leur efficacité dans la vraie vie. Ce projet est financé par une nouvelle initiative de l’IOC appelée CORTEX (COmmunity-based Real-world neuroTech EXperience for accelerating adoption).
Le projet, codirigé par la Dre Azadeh Kushki et la Dre Evdokia Anagnostou, scientifiques affiliées au BRI et à l’Université de Toronto, ainsi qu’avec le réseau POND, se nomme « A Community Trial of hollyMC for Pediatric Populations in a Naturalistic Setting ». La technologie hollyMC est en fait un algorithme cliniquement validé qui utilise une montre intelligente pour mesurer la fréquence cardiaque en temps réel, ce qui aide à mieux comprendre ce qui se passe à l’intérieur du corps. hollyMC fournit aux enfants et aux personnes qui s’occupent d’eux un affichage visuel montrant à quel point leurs émotions sont fortes, afin de prendre conscience de leur niveau émotionnel et de les aider à les gérer quand c’est nécessaire. Le projet en est à examiner la faisabilité d’utiliser hollyMC dans des contextes réels comme à la maison et à l’école. L’équipe de recherche demande aux familles de fournir des commentaires pour s’assurer que l’utilisation de hollyMC est pertinente pour elles. Elle cherche également à déterminer si hollyMC fonctionne bien ou non, selon certains types de besoins.
Cette année, 100 enfants et 100 parents seront recrutés pour participer à ce projet. Les résultats seront publiés l’an prochain. Jusqu’à présent, les commentaires des familles ont donné à l’équipe de recherche des idées qui ont amélioré plusieurs fonctionnalités de hollyMC. « Le partenariat avec les familles nous a permis de recueillir des commentaires inestimables pour nous assurer que hollyMC répond aux besoins des enfants et des personnes qui en prennent soin, ce qui a favorisé des résultats positifs en matière de régulation des émotions », a affirmé la Dre Kushki.
Les résultats semblent prometteurs et aideront sûrement cette nouvelle technologie à être adoptée. S’il fonctionne, hollyMC deviendra un nouvel outil pour aider les enfants et leurs parents à gérer de grandes émotions et à réduire les débordements émotionnels, l’une des principales priorités communes des enfants et des familles. Bien que la recherche prend beaucoup de temps à passer du banc d’essai à la clinique jusqu’au chevet du patient, le projet CORTEX offre un raccourci qui permet de passer du laboratoire directement au salon.
L’étude est ouverte et cherche toujours des personnes participantes. En savoir plus sur le project hollyMC
Photo de Qin Dai (Institute of Biomechanical Engineering, Université de Toronto)
NERVE: soutenir la grappe neurotechnologique de la province
En faisant croître le secteur de la neurotechnologie de l’Ontario, l’IOC veille à ce que l’innovation et les soins de qualité pour les personnes atteintes de troubles cérébraux prospèrent. Anciennement connu sous le nom d’ONtrepreneurs, le programme Neurotech Entrepreneurship to Validate Emerging Innovations (NERVE) a été élargi en 2022 pour atteindre les entrepreneurs à l’extérieur de l’Ontario et partout au Canada. Le programme NERVE fournit 100 000 $ en financement à des entrepreneurs établis au Canada en plus de 12 mois de possibilités de formation, de mentorat individuel et de soutien pour aider à lancer des entreprises en neurothechnologie.
Les lauréats du prix NERVE 2022 représentent un excellent indicateur de la façon dont l’investissement dans les talents émergents peut produire des technologies concrètes pour améliorer la vie d’une personne sur trois vivant avec un trouble du cerveau dans la province.
Les sept membres de la cohorte sont :
- Gavin Brauer de Pearl Interactives
- Geoff Frost de Raft Digital Therapeutics
- Sarah Lambert d’Ora Medical
- Kramay Patel de nEureka
- Michael Perreault d’Eyful
- Nardin Samuels de Cove
- Alison Smith de Roga
« Dans le cadre de la cohorte du programme NERVE de 2022, notre équipe de nEureka est ravie de prendre des mesures importantes pour réaliser notre vision, soit redéfinir les soins pour l’épilepsie chronique », a déclaré Kramay Patel. « Merci à l’Institut ontarien du cerveau pour ce soutien généreux. »
La cohorte du programme NERVE de cette année a connu de nombreux succès, dont un article dans le Forbes d’Alison Smith, de Roga, qui discute des solutions aux facteurs de stress, autres que les médicaments et la thérapie cognitivo-comportementale. Nardin Samuel, de Cove, a été classée parmi les 100 femmes les plus influentes du Canada par WXN, et Pearl Interactives a lancé Bootle Band, leur outil de musique immersif destiné aux enfants de toutes capacités pour promouvoir le jeu, l’apprentissage et le bien-être. À ce jour, l’application a déjà été téléchargée plus de 550 fois.
« L’Ontario s’est hissée comme une cheffe de file mondiale dans la production de neurotechnologies novatrices et remarquables, qui soutiennent les personnes vivant avec des troubles cérébraux. Compte tenu du succès dont nous avons été témoins pendant dix ans dans le cadre de notre programme provincial, nous avons été très heureux de nous ouvrir aux entrepreneurs de partout au pays », a déclaré le Dr Tom Mikkelsen, président et directeur scientifique de l’Institut ontarien du cerveau. En savoir plus
Suivi du succès : augmentation des efforts de commercialisation
Les entrepreneurs en neurotechnologie continuent d’obtenir des investissements de suivi après avoir reçu le soutien financier et le mentorat des programmes de commercialisation de l’IOC.
L’été dernier, Spiderwort, une société de portefeuille qui s’emploie à traiter les lésions médullaires aiguës au moyen d’un processus de biotechnologie qui facilite la croissance de nouveaux tissus, a annoncé l’achèvement d’une ronde de financement de 13,2 millions de dollars américains (ou 18,9 millions de dollars canadiens), dirigée par Horizons Ventures et soutenue par K5 Global, BoxOne Ventures et Break Off Capital. Cet investissement contribuera à faire la transition des études précliniques aux essais cliniques, lesquels seront essentiels pour commercialiser les biomatériaux végétaux révolutionnaires de Spiderwort.
« Nous sommes reconnaissants de la confiance et du soutien de nos partenaires de financement et de nos investisseurs. Nous avons hâte de poursuivre notre parcours à leurs côtés », a déclaré le Dr Charles M. Cuerrier, PDG de Spiderwort. « Avec la clôture de ce cycle de financement, nous sommes maintenant en mesure d’accélérer notre programme de développement de produits pour rapprocher [nos produits] des patients. » Plus
En septembre, DAMONA Pharmaceuticals, qui est soutenue par l’IOC, a conclu un financement de démarrage de 5,5 millions de dollars américains (près de 7,5 millions de dollars canadiens) pour soutenir son principal produit thérapeutique destiné au traitement des symptômes cognitifs associés à la dépression et aux maladies du vieillissement. L’investissement était codirigé par le Angelini Lumira Biosciences Fund et par le Noetic Fund. Il comprenait la participation de l’organisme Toronto Innovation Acceleration Partners et de plusieurs gestionnaires de grande fortune. En plus du financement par actions, la société a également reçu un soutien financier important du Centre de toxicomanie et de santé mentale.
« Nous sommes reconnaissants de l’appui de tous nos investisseurs et partisans qui nous ont menés là où nous sommes aujourd’hui, a déclaré le Dr Etienne Sibille, PDG par intérim et directeur scientifique de DAMONA. « Nous avons hâte de travailler avec nos nouveaux partenaires et d’utiliser le capital de ce financement pour terminer nos études précliniques et amener notre programme en clinique. Plus
Et seulement ce printemps, Diamond Therapeutics Inc., une société de portefeuille spécialisée dans les psychédéliques à faible dose utilisés comme traitement pour améliorer la santé mentale, a finalisé une ronde d’investissement stratégique dirigée par le First Avenue Ventures Life Science Fund I, qui soutient les phases de développement des médicaments, des thérapies et des dispositifs à l’Université de l’Alabama, à Birmingham (UAB). Le produit de l’investissement soutiendra la collaboration de Diamond Therapeutics avec l’UAB dans le cadre d’un essai clinique portant sur la psilocybine à faible dose pour traiter la démoralisation, le découragement, le désespoir ou le sentiment d’impuissance extrême.
Judy Blumstock, PDG et fondatrice de Diamond Therapeutics, a déclaré : « Il n’existe aucune autre étude sur les effets des psychédéliques sur la démoralisation. Le soutien de ce fonds nous aidera à faire avancer nos travaux, ce qui nous rapprochera de notre objectif d’offrir aux patients de nouveaux traitements plus efficaces. » Plus