Faire progresser les connaissances
Plus de RécitsL’IOC s’efforce de faire en sorte que le public profite de l’avancement de nos connaissances sur le cerveau. Le transfert des connaissances comble l’écart entre « ce que nous savons » et « ce que nous faisons » pour veiller à ce que la recherche se traduise par de meilleurs soins pour les personnes atteintes de troubles cérébraux.
De beaux rêves
Le sommeil est une composante essentielle de la santé et du bien-être. Nous savons à quel point le sommeil est important pour la santé du cerveau et nous comprenons que les troubles cérébraux peuvent avoir une incidence sur la qualité et la quantité de sommeil, surtout chez les enfants. Cette préoccupation commune des parents et de la famille a récemment été abordée par une équipe de chercheurs couvrant trois des programmes de découverte intégrés de l’IOC.
Des chercheurs et chercheuses du Réseau de la province de l’Ontario sur les troubles du développement neurologique (réseau POND), le Réseau intégré de découverte neuroscientifique sur la paralysie cérébrale de l’enfant (CP-NET) et le programme de recherche sur l’épilepsie de l’Institut ontarien du cerveau (EpLink) ont recueilli des données sur de jeunes patients atteints de troubles neurodéveloppementaux tels que le trouble du spectre de l’autisme, le trouble obsessionnel compulsif, le trouble déficitaire de l’attention avec l’hyperactivité, la paralysie cérébrale et l’épilepsie. Ces données ont été collectées, classées et stockées sur Brain-CODE, la plateforme neuroinformatique de l’IOC.
Les résultats de leurs travaux ont récemment été publiés dans la revue Frontiers in Sleep dans le cadre du thème de recherche de la revue Current issues in sleep in children with neurodisability (problèmes actuels de sommeil chez les enfants atteints de neurodéficience).
L’étude a révélé que les troubles du sommeil chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux sont beaucoup plus importants que chez les enfants neurotypiques ou qui se développent normalement. De plus, les enfants atteints d’un trouble neurodéveloppemental (NDD) qui éprouvent des problèmes de sommeil importants sont plus susceptibles d’expérimenter des symptômes plus sévères de leur trouble, une qualité de vie amoindrie et des symptômes plus importants d’anxiété et de dépression (appelés symptômes d’internalisation). Les chercheurs ont conclu que la surveillance et la gestion du sommeil étaient nécessaires pour améliorer la qualité de vie des enfants affectés par l’un ou l’autre des troubles cérébraux. De plus, l’équipe de recherche a suggéré que les points communs dans les troubles du sommeil chez les enfants devraient guider les traitements visant à favoriser le sommeil en général, peu importe l’état ou le trouble de l’enfant.
« Le sommeil est une fonction biologique essentielle qui joue un rôle important dans la guérison, dans la conservation de l’énergie et dans la survie des gens. Et pour les enfants, c’est particulièrement important pour la croissance et le développement », a déclaré le Dr Patrick McPhee, membre du corps professoral de l’Université McMaster et chercheur affilié au CP-NET, lors d’une discussion entre spécialistes au sujet de l’étude.
« Les problèmes de sommeil chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux ont été signalés dans une proportion pouvant atteindre 86 %. Cependant [avant cette étude], les lacunes en matière de connaissances limitaient réellement notre capacité à comprendre et à traiter les problèmes de sommeil chez les enfants, aussi bien pour l’ensemble des divers troubles que pour un trouble particulier. Notre connaissance de ces problèmes de sommeil chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux s’est largement limitée à l’étude d’un groupe ou d’une affection diagnostique à la fois, ce qui a conduit à des échantillons de petite taille. Ce que cela signifie vraiment, c’est que nous ne savons pas avec certitude si les problèmes de sommeil s’appliquent à tous les enfants ou aux enfants qui ont un problème de santé particulier. »
Le Dr Patrick McPhee explique que les principales leçons tirées de l’étude sur le sommeil sont que les chercheurs et les cliniciens doivent aller au-delà du diagnostic pour vraiment comprendre les problèmes de sommeil et les traiter. Les résultats de l’étude illustrent l’existence de nombreux points communs entre les troubles cérébraux pédiatriques et les problèmes de sommeil. « Ce que nous avons fait ici, c’est cibler un point de départ commun, ou une base, pour traiter le sommeil chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux, lesquels sont particulièrement affectés par un trouble du sommeil », a-t-il clarifié.
De plus, le succès de la méthodologie de l’étude, qui s’est penchée sur des éléments de données communs (comme le sommeil, le niveau d’anxiété et la qualité de vie) collectés dans diverses conditions, ouvrira la voie à de futures recherches collaboratives menées par des chercheurs des programmes de découverte intégrée de l’IOC, qui ont des compétences uniques pour répondre aux questions à partir des données stockées dans Brain-CODE. Pour en savoir plus sur le sommeil et la santé du cerveau chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux, regardez ce webinaire.
Examiner les différences et les similitudes du cerveau pour offrir un meilleur traitement aux enfants
« Rien sur nous sans nous » est une ritournelle courante chez les patients lorsqu’ils parlent de leur engagement dans la recherche. Et ils ont tout à fait raison. L’intégration des patients et des familles dès le début, lors de la création de la recherche et de sa réalisation, permet d’obtenir des résultats qui conviennent davantage aux besoins de la communauté des patients. Et ces résultats sont plus susceptibles d’être reportés le long du processus translationnel, ce qui permet de donner vie aux recherches en laboratoire.
Les résultats d’une récente étude menée par le Réseau de la province de l’Ontario sur les troubles du développement neurologique (POND), renforcent le soutien de cette approche de la recherche. Les commentaires des patients partenaires du réseau POND et les observations biologiques faites par les chercheurs convergent vers l’idée qu’il y a probablement plus de points communs entre les divers troubles neurodéveloppementaux que ne le laissent actuellement croire les diagnostics. « Ce n’est qu’en s’engageant dans la recherche que l’on peut obtenir des résultats de grande qualité et remettre en question les hypothèses », a déclaré Allison Chang, une mère d’un enfant du réseau POND qui soutient cette approche.
Une étude visant à remettre en question les hypothèses actuelles selon lesquelles le traitement devrait être fondé sur des critères de diagnostic a été dirigée par la Dre Azadeh Kushki, membre du réseau POND et scientifique principal au Holland Bloorview Kids Rehabilitation Hospital. L’équipe de recherche de cette étude, intitulée Identifying Replicable Subgroups in Neurodevelopmental Conditions Using Resting-State Functional Magnetic Resonance Imaging Data, a examiné deux ensembles de données indépendants — l’un du réseau POND et l’autre du Healthy Brain Network de New York.
L’équipe a examiné les données d’un total de 551 individus – masculin et féminin de 5 à 19 ans – présentant des troubles neurodéveloppementaux, notamment un trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité, un trouble obsessionnel compulsif et un trouble du spectre de l’autisme. Ils ont également tenu compte de données de santé provenant d’enfants et de jeunes neurotypiques. En examinant les images du cerveau dans les données, l’équipe de recherche a pu identifier des modèles de fonction cérébrale à regrouper. À partir de là, ils ont étudié la relation entre la fonction cérébrale et les traits comportementaux à partir de rapports cliniques et parentaux.
Une analyse plus poussée des données a indiqué que les traitements pour les enfants et les adolescents vivant avec des troubles neurodéveloppementaux pourraient être mieux adaptés à chaque individu si on analysait les modèles cérébraux plutôt que de s’appuyer sur des étiquettes de diagnostic reçues. Comme le souligne la Dre Kushki : « Les résultats de cette étude nous indiquent que nous devons tenir compte des forces et des besoins uniques de chaque enfant, au-delà des étiquettes de diagnostic générales. »
Afin d’offrir les meilleurs traitements et le meilleur soutien aux enfants et aux jeunes qui vivent avec des troubles neurodéveloppementaux, il est essentiel de comprendre les similitudes et les différences entre les cerveaux neurodivers.
« Cette étude devrait changer la façon dont les troubles neurodéveloppementaux sont diagnostiqués, car le processus actuel diffère pour le TDAH et l’autisme. Cela mènera à un traitement plus approprié et plus efficace », a assuré Allison Chang.
Cette étude percutante du réseau POND est un autre exemple du genre de changement positif qui se produit lorsque le concept de « rien sur nous sans nous » devient la base sur laquelle la recherche est effectuée. Dans le cas du réseau POND, ce travail fait partie de leurs efforts continus visant à redéfinir notre façon de penser et de prodiguer des soins aux personnes atteintes de troubles neurodéveloppementaux. Lire l’étude (En anglais seulement)
Sortir des sentiers battus
En décembre 2022, des chercheurs du réseau intégré de découverte neuroscientifique sur la paralysie cérébrale de l’enfant (CP-NET), l’un des programmes de découverte intégrés de l’IOC, a publié un article sur un volet moins étudié de la paralysie cérébrale. Leur étude a exploré le croisement entre les fonctions cérébrales et l’amélioration des capacités motrices chez les enfants atteints de paralysie cérébrale diplégique (PCD), un problème de santé caractérisée par des difficultés à bouger les deux jambes.
L’étude de six semaines a été déployée avec un groupe de 17 personnes âgées de 8 à 16 ans et visait à identifier la corrélation entre les changements dans la neuroplasticité fonctionnelle – un processus par lequel le cerveau s’adapte au changement – et les changements dans la façon dont leur corps bouge. L’équipe de recherche, dirigée par la Dre Alicia Hilderley du Kids Brain Health Network, a conclu que la fonction cérébrale chez les jeunes atteints de DCP change après l’entraînement de la motricité globale. Comme prochaine étape, l’équipe a recommandé une enquête plus approfondie sur une plus grande population d’enfants.
« Les enfants participant à cette étude ont eu une intervention de motricité globale et nous avons examiné l’activité cérébrale avant et après l’intervention », a expliqué la Dre Hilderley. « Nous avons découvert trois modèles différents de changement dans l’activité cérébrale. Nous devons continuer à étudier ces modèles afin de mieux comprendre les caractéristiques des enfants pour chaque modèle de changement. Ces renseignements peuvent aider à mieux choisir l’intervention [ou le traitement] et la dose pour chaque enfant. »
Pour la Dre Hilderley, ces recherches démontrent que les enfants atteints de paralysie cérébrale diplégique peuvent améliorer leurs mouvements, et que ces améliorations peuvent s’accompagner de différents changements dans les fonctions cérébrales. « Nos résultats suggèrent qu’il n’y a pas une seule “bonne” façon pour leur cerveau de fonctionner et de changer. »
Il s’agit de la première étude connue à se concentrer sur la plasticité cérébrale fonctionnelle basée sur l’accomplissement de tâches en association avec les améliorations de la motricité globale chez les enfants autonomes et ambulatoires atteints de PCD. Cependant, en tant que plus grand réseau de recherche translationnel au Canada qui se consacre à la paralysie cérébrale, CP-NET est particulièrement bien placé dans le monde pour entreprendre ce travail.
« Ce projet de recherche est un excellent exemple qui illustre où trouver l’expertise nécessaire dans le réseau pour faire une analyse approfondie des mécanismes neuronaux qui soutiennent un changement d’intervention pour les enfants atteints de paralysie cérébrale », explique la Dre Darcy Fehlings, clinicienne-chercheuse principale au Holland Bloorview Kids Rehabilitation Hospital et responsable du programme de CP-NET. Lire le papier (en anglais seulement)
Laisser un héritage : ONDRI, EpLink et CONNECT
Les travaux de trois programmes de découverte intégrée de l’IOC ont pris fin en 2023. Cependant, les retombées de l’Initiative ontarienne de recherche sur les maladies neurodégénératives (ONDRI), du Programme de recherche sur l’épilepsie (EpLink) et du Réseau ontarien de recherche sur les commotions cérébrales : le Réseau de l’Ontario sur les commotions cérébrales (CONNECT) sur la recherche, la commercialisation et les soins, elles, se perpétueront.
L’ONDRI a été créée en 2013 pour comprendre les facteurs sous-jacents de la démence et des troubles moteurs dans l’ensemble des maladies neurodégénératives. L’objectif était d’améliorer le diagnostic, le pronostic, les soins et les résultats pour les personnes atteintes de démence et pour les personnes qui les soutiennent. L’équipe de l’ONDRI a publié un riche ensemble de données pour aider à approfondir les recherches scientifiques sur ces troubles et a contribué à améliorer l’expérience du patient par l’intermédiaire de son comité consultatif patient et communautaire.
Le programme de recherche sur l’épilepsie de l’Institut ontarien du cerveau (EpLink) a été créé en 2011 dans le but de réduire les crises épileptiques et d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’épilepsie grâce à la recherche. Animée par la vision d’un monde sans épilepsie, la recherche d’EpLink s’est axée sur le développement de traitements médicamenteux plus efficaces, l’amélioration des thérapies diététiques et des procédures chirurgicales, la découverte de nouvelles options thérapeutiques grâce à la thérapie génique et à la stimulation cérébrale, et la création de nouveaux programmes visant à améliorer la cognition, l’humeur et la qualité de vie des personnes vivant avec des crises d’épilepsie non maîtrisées. Avec l’IOC, l’équipe EpLink a dirigé le premier partenariat d’établissement des priorités en recherche du Canada avec des patients, et a contribué à l’élaboration des lignes directrices de l’Ontario sur l’épilepsie.
L’objectif du programme CONNECT était de permettre aux cliniciens et aux chercheurs de l’Ontario de faire figure de chefs de file capables de faire en sorte que le rétablissement après une commotion soit le plus rapide et le plus complet possible. Axé sur trois grandes priorités pour guider cette mission, le programme CONNECT a mené des recherches, recueilli des données personnalisées et découvert des résultats holistiques qui ont non seulement amélioré le rétablissement, mais qui ont aussi empêché les nouvelles blessures et les effets à long terme à la suite d’une commotion cérébrale. En réunissant dix centres de spécialistes de la province, l’équipe de CONNECT ou voulu faire en sorte que les nouvelles connaissances se traduisent par de meilleurs diagnostics et de meilleurs soins pour la population ontarienne.
« Nous éprouvons beaucoup de reconnaissance concernant le travail de l’ONDRI, d’EpLink et de CONNECT, lesquels font progresser la recherche sur le cerveau, la commercialisation et les soins », a déclaré le Dr Tom Mikkelsen, président et directeur scientifique de l’IOC. « Les ensembles de données que chacun de ces programmes a apportés à Brain-CODE, ainsi que les outils qu’ils ont tous créés pour comprendre les maladies neurodégénératives, l’épilepsie et les commotions cérébrales, garantissent que leur héritage demeurera et qu’ils continueront d’avoir une incidence sur la recherche dans la province et ailleurs. »
En savoir plus au sujet de l’héritage de l’ONDRI, d’EpLink et de CONNECT.